Amphi 2
Vendredi 26 mars 2021

Matthieu LANCELOT
De l’autisme à la personne : vers la médiation linguistique
Personnes autistes, personnes avec autisme, personnes vivant avec l’autisme, personnes TSA, personnes du spectre de l’autisme... Autant d’expressions qui font référence à un même groupe humain, mais ne sont pas synonymes pour autant. Chacune de ces expressions ne reflète qu’une facette parmi d’autres de l’autisme vu de l’intérieur et de l’extérieur : médicale, sociale, identitaire, pluraliste, etc. Seule la diversité des mots pour nommer les personnes autistes peut confirmer qu’il y a autant d’autismes que de personnes qui le vivent chaque jour. Néanmoins, de toutes ces entités lexicales servant à nommer la population autistique, personne(s) autiste(s) semble privilégiée, aussi bien pour ce que l’on entend par l’épithète autiste(s) que ce que reflète le mot personne(s) dans le discours. Entre politiquement correct et le réalité complexe, entre modèle médical et modèle social du handicap, entre libre arbitre et prédestination, entre intégration et inclusion, la diversité lexicale dans la sensibilisation à l’autisme n’a pas fini de surprendre.
Hélène NICOLAS dite BABOUILLEC, Véronique TRUFFERT
On trouve chez toutes les personnes autistes des formes de communication singulières, allant de l'individu précocement verbal et doué pour l'apprentissage des langues à l'individu dont la communication ne passe que par le langage corporel et un répertoire restreint de sons oraux. Cependant, quelles que soient les apparences, toutes les personnes autistes éprouvent des difficultés à comprendre les autres et à se faire comprendre. La médiation par l'écriture peut permettre de contourner ces difficultés, tout comme l'usage du langage des signes ou des images. La portée quasi-universelle de l'écriture en fait un outil de choix, d'ailleurs très apprécié de la communauté autiste. Mettre cet outil à leur disposition aussi tôt que possible est donc souhaitable.
On peut cependant s'interroger sur les modalités de l'acquisition de la lecture et de l'écriture chez les personnes autistes dites très déficitaires. En effet, les méthodes d'enseignement sont surtout conçues pour des personnes qui maîtrisent le langage expressif (la parole) et réceptif (la compréhension de la parole). Comment se passe cet apprentissage pour les personnes autistes dont le langage expressif est absent ? Comment obtenir, chez ces personnes, des indices concernant leur niveau de compréhension du langage verbal ?
Pour les chercheurs et les pédagogues, l'étude de cas d'apprentissage spontané de la lecture par des personnes autistes mutiques apportera des éléments fondamentaux. Le parcours d'Hélène Nicolas, dite Babouillec, est exemplaire en ce sens car l'acquisition de l'écriture lui a permis non seulement une communication efficiente mais ses qualités artistiques indéniables doivent nous amener a reconsidérer nos préconçus sur le lien entre autisme et langage.