Amphi 2 Samedi 27 mars 2021

Matthieu LANCELOT
De l’autisme à la personne : vers la médiation linguistique
Personnes autistes, personnes avec autisme, personnes vivant avec l’autisme, personnes TSA, personnes du spectre de l’autisme... Autant d’expressions qui font référence à un même groupe humain, mais ne sont pas synonymes pour autant. Chacune de ces expressions ne reflète qu’une facette parmi d’autres de l’autisme vu de l’intérieur et de l’extérieur : médicale, sociale, identitaire, pluraliste, etc. Seule la diversité des mots pour nommer les personnes autistes peut confirmer qu’il y a autant d’autismes que de personnes qui le vivent chaque jour. Néanmoins, de toutes ces entités lexicales servant à nommer la population autistique, personne(s) autiste(s) semble privilégiée, aussi bien pour ce que l’on entend par l’épithète autiste(s) que ce que reflète le mot personne(s) dans le discours. Entre politiquement correct et le réalité complexe, entre modèle médical et modèle social du handicap, entre libre arbitre et prédestination, entre intégration et inclusion, la diversité lexicale dans la sensibilisation à l’autisme n’a pas fini de surprendre.

Plaquette
Dépliant
Eléonore Beaumont - Corentin Le Marec
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Les ptits babadins est un réseau de plus de 90 micro-crèches en France. Depuis plus de 10 ans, Les ptits babadins recherche en permanence l’amélioration de la qualité d’accueil des enfants ainsi que de l’accessibilité au plus grand nombre.
Depuis 3 ans, le réseau a donc développé un dispositif spécifique d’accompagnement des enfants présentant des troubles du neurodéveloppement.
Ce dispositif est en place depuis la rentrée de septembre 2019, initié par un travail de recherche et d’évaluation scientifique d’une doctorante en interne.
Eléonore Beaumont, doctorante de l’université de Rennes 2 et Corentin Le Marec, responsable du développement vont présenteront le réseau de micro-crèches, ses valeurs, son dispositif d’accompagnement innovant ainsi que le programme de recherche qui y est adossé.
Hélène NICOLAS dite BABOUILLEC, Véronique TRUFFERT
On trouve chez toutes les personnes autistes des formes de communication singulières, allant de l'individu précocement verbal et doué pour l'apprentissage des langues à l'individu dont la communication ne passe que par le langage corporel et un répertoire restreint de sons oraux. Cependant, quelles que soient les apparences, toutes les personnes autistes éprouvent des difficultés à comprendre les autres et à se faire comprendre. La médiation par l'écriture peut permettre de contourner ces difficultés, tout comme l'usage du langage des signes ou des images. La portée quasi-universelle de l'écriture en fait un outil de choix, d'ailleurs très apprécié de la communauté autiste. Mettre cet outil à leur disposition aussi tôt que possible est donc souhaitable.
On peut cependant s'interroger sur les modalités de l'acquisition de la lecture et de l'écriture chez les personnes autistes dites très déficitaires. En effet, les méthodes d'enseignement sont surtout conçues pour des personnes qui maîtrisent le langage expressif (la parole) et réceptif (la compréhension de la parole). Comment se passe cet apprentissage pour les personnes autistes dont le langage expressif est absent ? Comment obtenir, chez ces personnes, des indices concernant leur niveau de compréhension du langage verbal ?
Pour les chercheurs et les pédagogues, l'étude de cas d'apprentissage spontané de la lecture par des personnes autistes mutiques apportera des éléments fondamentaux. Le parcours d'Hélène Nicolas, dite Babouillec, est exemplaire en ce sens car l'acquisition de l'écriture lui a permis non seulement une communication efficiente mais ses qualités artistiques indéniables doivent nous amener a reconsidérer nos préconçus sur le lien entre autisme et langage.

Mohamed GHOUL
Mohamed GHOUL est un personnage connu dans le domaine des arts et plus particulièrement auprès des personnes issues de la neuro-diversité. Il œuvre dans ce domaine depuis plus de 26 ans dont 20 ans au Québec (Canada). Il est musicien reconnu par le Conseil des Arts du Canada et travaille auprès des personnes pour qui l’art est difficilement accessible. Il a su attirer l’attention et démontrer que son approche par le rythme auprès de cette population s’avère très constructive et novatrice. Il possède plus de 25 000 heures d’archive à ce jour.
Formateur et médiateur culturel, il travaille sans relâche à la promotion de l’art inclusif. Il a développé le programme APPROSH, qui signifie Arts Percussions Programme Recherches Organisation Sociale Humaine. Même s’il peut sembler un peu bohème avec ses djembés, son programme a fait ses preuves. En 2007, des chercheurs de l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue, groupe Laresco l’ont analysé et démontré qu’il y a là une démarche scientifique, une rigueur, une constance qui amène la personne autiste à «sortir de son isolement ».
En 2017, Mohamed s’est associé avec le BAND de l’université McGill pour poursuivre la recherche afin de faire l’Évaluation des effets de la participation à un groupe de musique sur l’inclusion scolaire et sociale d’élèves avec un trouble du spectre de l’autisme.
Le rythme est entre-autre le début du langage et de la réciprocité sociale. C’est ce langage que Mohamed choisi pour rejoindre, communiquer avec ces personnes vivant avec un défi neuro développemental et ainsi leur permettre de se connecter au monde qui leur est en apparence extérieur.
Ses réalisations ont intéressé des professionnels issus des milieux de l’éducation et de la santé mentale, et ce, dans plusieurs régions du Québec : Abitibi, Outaouais, Montréal et sa grande métropole.
Mohamed Ghoul apporte à la culture un regard rafraîchissant sur la différence et propose à sa façon un concept de rencontre artistique et culturelle. Il arrive à créer, partager et monter sur scène avec les participants et ainsi démontrer leur capacité à se produire. C’est toute une communauté qui rejoint le monde de l’art et de la culture.
Pour plus d’information sur M. Mohamed Ghoul, ses réalisations, son programme APPROSH et plus encore :